Dans un monde où la technologie avance à un rythme effréné, l’intelligence artificielle (IA) générative est devenue un véritable phénomène de société, bouleversant les codes traditionnels de la création artistique et culturelle. Cette révolution numérique, incarnée par des outils comme Chat GPT, Gemini, Bard, MidJourney, D DALL-E, SORA et SUNO, ne se limite pas aux sphères technologiques ; elle s’étend à tous les aspects de notre vie quotidienne. Les artistes, écrivains, musiciens et consommateurs de culture se retrouvent face à un nouveau paradigme où la frontière entre la création humaine et l’automatisation numérique devient de plus en plus floue.

Cette transformation, bien que fascinante, soulève des questions cruciales: comment préserver l’authenticité et l’unicité des œuvres d’art dans un contexte où l’IA peut produire des images-photo-réalistes, des textes complexes et des compositions musicales de haute qualité ? Quelles sont les implications éthiques et économiques de cette nouvelle réalité ? Et, plus fondamentalement, comment maintenir l’essence de la créativité humaine, cette capacité unique à exprimer des émotions, des idées et des visions du monde qui ont toujours été au cœur de notre culture ?

Ces questions touchent directement le tissu social et économique de nos communautés. Les industries créatives, un secteur économique majeur, sont confrontées à des défis sans précédent. Les artistes, souvent déjà en situation de précarité, voient leur travail remis en question par des outils qui peuvent produire des œuvres similaires en quelques secondes. Les consommateurs, quant à eux, sont de plus en plus exposés à des contenus générés par l’IA, souvent sans en être conscients, ce qui peut altérer leur perception et leur appréciation de l’art.

Dans ce contexte, il est crucial de trouver des solutions qui permettent de préserver et de valoriser la création humaine tout en s’adaptant aux nouvelles technologies. C’est dans cette optique que notre collectif, composé d’artistes, de lecteurs, d’auditeurs, de spectateurs, d’experts en IA, d’éditeurs, de producteurs, de galeristes, de libraires, de journalistes et de citoyens, a décidé de prendre l’initiative. Nous croyons fermement qu’il est possible de coexister avec l’IA tout en reconnaissant et en protégeant l’origine humaine des œuvres d’art.

Notre objectif est de promouvoir un label qui permettra d’identifier clairement les créations artistiques d’origine humaine. Ce label, gratuit et informatif, sera un acte de transparence et de confiance entre les créateurs et le public. Il ne s’agit pas de stigmatiser l’IA, mais de permettre à chacun de faire des choix éclairés et de reconnaître la valeur unique de la création humaine. En agissant maintenant, nous pouvons garantir que l’art, dans toute sa diversité et sa richesse, continue de jouer un rôle central dans notre société.

Pour un Label Identifiant les Créations Artistiques Humaines

Nous sommes un collectif d’artistes, de lecteurs, d’auditeurs, de spectateurs, d’experts en IA, d’éditeurs, de producteurs, de galeristes, de libraires, de journalistes et de citoyens. Témoins des progrès de l’intelligence artificielle générative (IA) comme Chat GPT, Gemini, Bard, MidJourney, DALL-E, SORA et SUNO, nous observons comment ces technologies vont profondément changer la société telle que nous la connaissons. La puissance de l’IA est telle qu’elle va bouleverser la vie de chacun d’entre nous.

Impact de l’IA sur la Société

Le Monde Culturel Très Préoccupé

Le monde culturel, dans son ensemble, est très préoccupé par ces perspectives. Les créateurs, artistes de tous secteurs, mais aussi l’industrie en général, tentent d’y voir clair et de trouver des solutions. On ne compte plus les conférences et les tables rondes où l’on partage des préoccupations et des remèdes en tout genre pour calmer les inquiétudes. Ce qui se passe dans le monde de la culture est un avant-goût des bouleversements à venir dans la société.

Impact de l’IA sur la Fabrication d’Images Photo-réalistes

Lors des États généraux de la photo organisés par l’ADAGP (Société des Auteurs dans les Arts Graphiques et Plastiques) les 18 et 19 mars dernier, on s’inquiétait de la fabrication par IA d’images photo-réalistes et de son impact sur la population. Faut-il à tout prix défendre le « réel » ? L’origine humaine d’une œuvre est également une forme de réalité, de vérité, de crédibilité, et le partage d’une sensibilité et d’une expérience humaine. Certains médias, comme “Les Échos,” interdisent purement et simplement toute utilisation d’images générées par l’IA.

Défense du Réel et de l’Origine Humaine

Le Monde Culturel Très Préoccupé

Les créateurs se trouvent face à un choix difficile: poursuivre leur création en ignorant les facilités offertes par l’IA ou en tenir compte et se l’approprier. Ce dernier choix s’impose le plus souvent pour des raisons économiques, à tort ou à raison. Cependant, la création d’œuvres d’origine humaine doit subsister, qu’elle soit ou non assistée par l’IA. Le simple fait de devoir le préciser montre à quel point elle est en péril. C’est pourquoi il nous semble prioritaire d’identifier dès aujourd’hui les œuvres créées par les humains, pour les distinguer de celles générées par les machines, afin de permettre au public de distinguer les œuvres conçues par l’homme et celles conçues par l’IA.

Nécessité d’Identification

#Alexandre Bensamoun, membre de la Commission Interministérielle de l’IA et Professeur de Droit, déclarait dans le rapport « IA: notre ambition pour la France »: “Il est crucial d’aller dans le sens de la reconnaissance de la création humaine, son identification, son caractère irréductible qui tient à son originalité et mérite distinction et protection.” Identifier l’œuvre d’origine humaine est donc fondamental. Si nous ne le faisons pas maintenant, nous risquons de nous retrouver inondés d’œuvres dont on ne connaîtra pas l’origine.

Proposition de Label

Label Gratuit et Informatif

Nous avons donc décidé de promouvoir un label qui peut être apposé sur une œuvre d’origine humaine. Le label ne vise pas à stigmatiser le recours à l’IA, mais à permettre à chacun d’agir et d’aborder les œuvres en connaissance de cause. Il est gratuit et informatif. Il s’agit d’abord et avant tout d’un acte déclaratif n’engageant que l’auteur qui décide de l’apposer sur son œuvre, pour informer de l’origine humaine de sa création. Ce label n’exclut pas l’IA comme « outil »: le label peut être utilisé dans le cas d’une utilisation purement technique, excluant tout usage de l’IA dans l’élaboration créative et esthétique de son œuvre.

Engagements et Transparence

La solution repose sur la responsabilité et l’engagement de l’artiste ou de l’entité qui désire aller vers plus de transparence. C’est un « contrat de confiance » entre celui qui crée l’œuvre et celui qui la reçoit, évitant ainsi les débats sur les faibles moyens actuels d’identifier par la technique un produit de l’IA.

Apposition du Label “Fabrication Humaine”

Première Utilisation

Le label « fabrication humaine » existe depuis peu. Il a été utilisé pour la première fois le 5 janvier 2024 dans le domaine de la bande dessinée sur l’œuvre “Bunkerville” (V. Balzano, P. Chind, B. Legrand, Ankama Éditions). C’est une initiative citoyenne de l’auteur-réalisateur Pascal Chind, président de l’association Fabrication Humaine. Depuis peu, le label est utilisé par le festival de l’imaginaire Hypermondes, le manga “Urbance 2” (Joël Dos Reis Viegas), l’album musical “Ils ne méritent pas tes larmes” (Thomas Snégaroff et Xavier Bussy).

Appel à l’Action

Nous ne devons pas rester passifs face à l’arrivée de la production artificielle. L’inaction pourrait entraîner une baisse de la création, dont les conséquences pourraient à terme nous amener à nous poser l’ultime et dérangeante question de notre « utilité » comme espèce. Il faut protéger la culture d’origine humaine comme nous le ferions avec notre plus précieux patrimoine. La révolution de l’IA générative appelle une réaction drastique, c’est une urgence nationale. Chaque citoyen a le droit d’être informé, pour pouvoir faire ses choix de manière éclairée.

Rassemblement et Fédération Autour d’une Même Voix

Nous voulons rassembler et fédérer autour d’une même voix les créateurs et tous ceux qui estiment qu’il faut offrir aux citoyens la plus grande transparence sur l’origine de la création. Outre sa visée informative, ce label est également un encouragement à la culture, à la création humaine et une action positive et vertueuse dans un monde en plein bouleversement. Remettons ensemble l’humain au cœur de l’équation !

Visitez le site de l’Association Fabrication Humaine pour obtenir le label (fabricationhumaine.org)

Parmi les signataires de cette tribune se trouvent la romancière Sabrina Gabrielle, la libraire Florence Londeix, l’auteur-dessinateur de BD Colin Attar, le libraire Yan Rioux, l’éditeur Charlotte Raimond, l’auteur et dessinateur de BD Jef, l’auteur, dessinateur de BD et concept artiste jeux vidéo Joël Dos Reis Viegas, le romancier Scott Bourne, le dessinateur de BD Ronan Toulhoat, le dessinateur de BD Henrik Rehr, l’auteur et dessinateur de BD Yann Legendre, l’auteur et dessinateur de BD Benoît Dahan, le dessinateur de BD Grégory Pans.

Dans un monde où l’intelligence artificielle (IA) joue un rôle de plus en plus prépondérant, la question de l’authenticité et de la valeur de la création humaine se pose avec acuité. Les avancées technologiques, bien que remarquables, soulèvent des enjeux éthiques, économiques et culturels majeurs. La fabrication d’images photo-réalistes, la génération de textes complexes et la composition musicale automatisée remettent en question les fondements de notre patrimoine artistique et culturel.

Le défi consiste à trouver un équilibre entre l’innovation technologique et la préservation de l’essence de la créativité humaine. L’initiative du label “fabrication humaine” offre une voie prometteuse pour informer et éduquer le public, tout en encourageant une plus grande transparence dans le monde de l’art. Cette démarche ne vise pas à stigmatiser l’IA, mais à reconnaître et valoriser les contributions uniques des artistes humains.

Au-delà du domaine artistique, ces réflexions touchent à des questions plus larges de notre société. La numérisation et l’automatisation impactent de nombreux secteurs, de l’industrie à l’éducation, en passant par la santé. Il est essentiel de s’interroger sur les conséquences de ces transformations et sur les moyens de les gérer de manière responsable et éthique.

En encourageant la transparence et la reconnaissance de l’origine des œuvres, nous ouvrons la voie à une société plus informée et plus engagée. Chaque citoyen a le droit de savoir et de choisir, et chaque artiste mérite d’être reconnu pour son travail. Ensemble, nous pouvons construire un avenir où la technologie et l’humanité coexistent harmonieusement, enrichissant notre culture et notre vie quotidienne.

Cette initiative est un premier pas, mais elle ouvre la voie à de nombreuses autres réflexions et actions. Nous invitons les artistes, les professionnels du secteur culturel et les citoyens à se joindre à ce mouvement, à partager leurs idées et à contribuer à une conversation collective sur l’avenir de la création artistique. En mettant l’humain au cœur de l’équation, nous pouvons construire un monde plus juste et plus créatif.

Aller plus loin

Si vous souhaitez approfondir votre compréhension des limites de l’intelligence artificielle, l’article “Et quelles sont les limites de l’IA ?” explore en détail les frontières de la compréhension de l’IA, soulignant les différences fondamentales entre l’intelligence humaine et artificielle. Bien que l’IA puisse apprendre et prédire, elle peine à élaborer des théories abstraites et à expliquer ses raisonnements. Cette lecture vous permettra de mieux saisir les capacités réelles de ces technologies.

Pour ceux qui s’intéressent à la qualité et à l’originalité des contenus générés par l’IA, l’article “Qualité et originalité des images générées par l’IA” examine la qualité et l’originalité des œuvres créées par l’IA, soulignant que ces outils peuvent produire des œuvres uniques et inventives. Il aborde également les questions éthiques et juridiques liées à la responsabilité des contenus générés par l’IA, invitant le lecteur à réfléchir sur le statut de créateur et de consommateur dans ce nouveau contexte.

Un autre aspect crucial est la responsabilité des contenus générés par l’IA. Le document “Qui est responsable des contenus générés avec l’IA ?” explore les enjeux juridiques et éthiques liés à la responsabilité des contenus générés par l’IA. Il examine les questions de droit d’auteur, de diffamation et de contenus illégaux, mettant en évidence les défis actuels et les perspectives futures de réglementation dans ce domaine.

L’impact de l’IA sur le monde de l’art est également un sujet fascinant. L’article “Le rôle de l’artiste face à la révolution de l’IA générative” offre une perspective sur les défis et les opportunités que l’IA présente pour les artistes. Il discute des différentes approches adoptées par les créateurs pour intégrer l’IA dans leur processus de création, tout en préservant leur identité et leur authenticité.

Les questions éthiques liées à l’IA sont au cœur des préoccupations actuelles. L’article “Éthique et IA: les enjeux de la responsabilité” aborde les questions éthiques liées à l’IA, en particulier dans le contexte de la création artistique. Il explore les implications morales de l’utilisation de l’IA et les mesures nécessaires pour garantir une utilisation responsable et éthique de ces technologies.

L’association Fabrication Humaine, qui vise à promouvoir la transparence dans le monde de la création, mérite également votre attention. Le site officiel de l’association “Association Fabrication Humaine” fournit des informations détaillées sur le label “fabrication humaine” et ses objectifs. Il explique comment ce label vise à informer le public sur l’origine des œuvres artistiques et à promouvoir la transparence dans le monde de la création.

Enfin, l’article “La protection de la création humaine dans l’ère de l’IA” discute des enjeux sociétaux liés à la protection de la création humaine face à l’avancée de l’IA. Il met en avant l’importance de préserver l’authenticité et l’unicité des œuvres d’art, tout en s’adaptant aux nouvelles technologies. Cette lecture vous permettra de mieux comprendre les enjeux sociétaux liés à cette transformation technologique.

Ces ressources offrent une perspective approfondie sur les enjeux liés à l’intelligence artificielle générative et sa place dans le monde de la création artistique. Elles invitent le lecteur à réfléchir sur les défis éthiques, juridiques et sociaux de cette révolution technologique, tout en explorant les opportunités qu’elle offre pour l’avenir de l’art.